
Le E85 est de plus en plus plébiscité François BOUCHON/Le Figaro
Il est présenté par ses défenseurs comme le carburant du pouvoir d'achat. Le superéthanol E85, biocarburant contenant jusqu'à 85% de bioéthanol produit à partir de canne à sucre, de céréales et de betterave sucrière, est adopté par un nombre croissant de Français. L'an dernier, ses ventes ont bondi de 55%, selon les chiffres communiqués ce mardi par le Collectif du Bioéthanol. «L'année 2018 a été exceptionnelle. Cela montre que ce produit est bien ancré dans le paysage des Français», s'est réjoui Sylvain Demoures, secrétaire général du Syndicat national des producteurs d'alcool agricole (SNPAA), lors d'une conférence de presse.

Le E85 séduit car il présente un avantage compétitif indiscutable par rapport à ses concurrents à la pompe. À environ 68 centimes du litre, c'est le carburant le moins cher aujourd'hui, loin devant le diesel (environ 1,43 euro/l), le SP 95-E10 (essence à 10% d'éthanol vendue 1,42 euro/l) et le Sans-plomb 95 (1,44 euro/l). «Avec le E85, on gagne 500 euros tous les 13.000 kilomètres, malgré une surconsommation que l'on estime au maximum à 25%», explique Nicolas Kurtsoglou, responsable carburant du SNPAA. Le E85 permet aussi de bénéficier d'autres avantages comme l'exonération fiscale, totale ou partielle selon les régions, du prix de la carte grise du véhicule.

D'après les estimations du Collectif du Bioethanol, 70.000 automobilistes sont aujourd'hui équipés du boîtier. Un nombre qui devrait encore progresser cette année. Les professionnels de l'éthanol misent sur une nouvelle hausse de 50% de la consommation de E85 en 2019 et jusqu'à 300 stations-service supplémentaires. De nouvelles homologations sont attendues, tout comme l'arrivée cet été sur le marché d'un nouveau véhicule FlexFuel, qui permet l'utilisation de E85 sans installation de boîtier. Mais cet engouement pour le E85, faiblement taxé, ne risque-t-il pas d'attirer l'œil de Bercy? «Aujourd'hui, le E85 représente seulement 2% du marché des essences qui lui-même ne représente que 20% des ventes de carburant contre 80% pour le gazole. Il ne rapporte que 2 à 3 millions d'euros. Ce n'est pas la priorité. Et pourquoi augmenter la fiscalité de l'énergie la plus verte? Ce serait d'une incohérence majeure», estime Nicolas Rialland, de la Confédération nationale des planteurs de betteraves. Ce dernier exhorte plutôt l'État à imiter les régions Hauts-de-France, Grand Est et Provence-Alpes-Côte-d'Azur qui, pour soutenir le pouvoir d'achat de certains de leurs administrés, ont décidé d'offrir une aide à l'installation du boîtier. «L'État devrait s'en inspirer», estime-t-il.