LA TRIBUNE – OBJECTIF LR : Biomotors propose de rouler vert

5 janvier 2018

BIOMOTORS PROPOSE DE ROULER VERT

L’entreprise héraultaise Biomotors proposait déjà des boîtiers permettant à des véhicules à essence de rouler au superéthanol.

 

L’arrêté du 15 décembre publié par le ministère de la Transition écologique reconnaît ce type de dispositif, ce qui devrait booster l'activité de la PME sur le marché des particuliers et des professionnels.

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Dix ans après l'apparition des premières stations bioéthanol en France, le gouvernement a publié, le 15 décembre dernier, un arrêté qui réglemente les kits permettant de faire rouler les voitures à essence au superéthanol E85, un carburant deux fois moins cher à la pompe.

À Montpellier, Alexis Landrieu attendait ça depuis 2011, année où il crée son entreprise, Biomotors. Lui qui avait démarré son expérience en tant qu'installateur de boîtiers de conversion au bioéthanol (qu'il faisait venir des pays les utilisant déjà), se voit ainsi conforté dans sa démarche consistant à développer son propre dispositif de conversion, adapté au marché français.

En 2015, Biomotors commercialise le seul système de conversion E85 (85 % d'éthanol) adapté aux motorisations récentes à injection directe, dont elle a déposé le brevet.

« Jusqu'à présent, on était en droit de commercialiser ce type d'équipement mais le consommateur voyait fleurir des offres un peu partout sur internet pour des boîtiers à tous les prix possibles, et sans garantie qu'ils servent à quelque chose par manque de respect d'un cahier des charges précis, explique le dirigeant. Chez Biomotors, nous vendions déjà les boîtiers clef-en-main, installation comprise dans des garages installateurs agréés pour le montage. »

 

UNE AVANCE CONCURRENTIELLE

L'entreprise a ainsi fait la preuve de son expertise. Mais le dispositif n'avait pas de reconnaissance officielle. À compter d'avril 2015, Biomotors apporte sa contribution à l'établissement d'une réglementation, « aux côtés d'un autre acteur majeur du secteur », précise Alexis Landrieu.

Après la publication de l'arrêté du 15 décembre 2017, Biomotors doit maintenant obtenir les numéros d'agrément de fabricant officiel auprès de l'UTAC (organisme d'homologation automobile) et du CNRV (Centre national de réception des véhicules, l'autorité française chargée de délivrer les homologations européennes des véhicules).

« C'est en cours, et nous les aurons entre fin janvier et mi-février, affirme Alexis Landrieu, qui mise sur cette avance par rapport aux autres fabricants. L'arrêté légifère sur les équipements, mais également sur les garages ayant les compétences pour installer les équipements. Biomotors appliquera une garantie mécanique sur une éventuelle usure prématurée des pièces du véhicule. »

UNE ÉCONOMIE DE 30 À 40 %

Quels sont les véhicules concernés ?

« Tous les véhicules essence fabriqués après 2000, soit un potentiel de 15 millions de véhicules en France », répond Alexis Landrieu.

Chez Biomotors, le forfait incluant le boîtier et la pose sera vendu à partir de 790 € et jusqu'à 1 300 € environ selon le type de voiture. Selon le dirigeant de l'entreprise, l'économie sera significative : « Un coût du carburant divisé par deux, soit, avec une surconsommation de 20 % maximum, une économie de 30 à 40 % ».

Par ailleurs, maintenant que le bioéthanol est reconnu officiellement, il sera possible de modifier la carte grise (pour les véhicules ne dépassant pas les 14 CV fiscaux) et de la rendre totalement gratuite ou à moitié prix, selon les régions.

40 000 VÉHICULES

L'Héraultais vise le marché des particuliers comme celui des professionnels, et ambitionne d'équiper 40 000 véhicules d'ici cinq ans. Ce qui ferait évoluer son chiffre d'affaires, aujourd'hui de 200 000 €, à 5 M€ d'ici à trois ans, 10 M€ d'ici à cinq ans.

« De plus en plus de particuliers achètent des véhicules à essence. Quant aux professionnels, certains, comme les compagnies de taxi, sont déjà clients, et ils auront tout intérêt à s'équiper pour rouler à l'éthanol car la TVA sur le carburant devient récupérable à 80 %, comme pour le diesel. »

Craint-il une évolution défavorable du prix de l'éthanol à la pompe ?

« L'éthanol n'est pas carburant fossile, il n'est donc pas soumis à la TIPP (taxe intérieure sur les produits pétroliers, NDLR). C'est un produit fabriqué en France, donc pas de taxe à l'importation. Le litre ne pourra pas dépasser 1 €. »

UN RÉSEAU DE 1 000 INSTALLATEURS

De 47 installateurs agréés aujourd'hui, Biomotors prévoit de monter son réseau à 1 000 d'ici la fin 2018, incluant notamment les centres auto. Employant cinq salariés à ce jour, l'entreprise devrait recruter douze personnes supplémentaires d'ici la fin de l'année et totaliser 25 collaborateurs d'ici à cinq ans.

« Nous avons déménagé de Montpellier à Vendargues en novembre dernier, pour avoir plus de place, et à terme, nous créerons probablement d'autres agences en France pour avoir du personnel un peu partout sur le territoire », ajoute Alexis Landrieu.

Du côté des stations-service, une sur dix distribue aujourd'hui du bioéthanol, soit un peu plus de 1 000, « et il s'en ouvre trois ou quatre par semaine depuis un an », souligne Alexis Landrieu. Il ajoute que des discussions avec de grands acteurs, comme l'enseigne de grande distribution Leclerc, ont été engagées, ces derniers attendant le feu vert de l'homologation pour déployer des pompes à bioéthanol.

Par Cécile CHAIGNEAU | La Tribune/Objectif LR

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