MIDI-LIBRE : Un boîtier magique fabriqué à Montpellier

4 janvier 2018

UN BOÎTIER MAGIQUE FABRIQUÉ À MONTPELLIER POUR ROULER MOINS CHER À L’ÉTHANOL

alexis

L'homologation des boîtiers permettant de rouler au superéthanol E85 est effective pour les voitures à essence.

 

"ll ne manquait plus que l'homologation des boîtiers pour ouvrir le marché du superéthanol”, se réjouit Alexis Landrieu, PDG de la société montpelliéraine Biomotors. Il est vrai que tous les voyants semblent passer au vert pour son dispositif électronique qui permet de faire rouler de manière économique les voitures à essence à injecteurs, construites après 93, au superéthanol E85 (85 % d'éthanol et 15 % d'essence, vendu 0,67 € le litre en moyenne).

Biomotors vient d'obtenir, avec succès, l'agrément de l'Utac (*), dernière étape de finalisation de l'homologation du boîtier. Une procédure rendue possible par un arrêté du ministère de la Transition écologique, publié le 15 décembre 2017. Un texte qui définit les modalités d'homologation de ce type de boîtier. Une véritable opportunité pour Alexis Landrieu, qui “attendait cela depuis longtemps

Production française

Le superéthanol E85 est composé de 85 % d’éthanol et de 15 % d’essence. L’éthanol qui le compose est produit à 100 % sur le territoire français. C’est un alcool d’origine végétale (d’où son appellation bioéthanol) qui est comparable à l’alcool éthylique. Le bioéthanol est produit à 58 % à partir de céréales, 38 % à partir de betterave et 4 % à partir d’éthanol vinique.

La France est en tête de la production d’éthanol en Europe. Grâce à ses seize distilleries, notre pays couvre ses besoins en bioéthanol et exporte 30 % de sa production. Sur les 44 millions d’hectolitres produits en 2012-13 en Europe, 11,5 ont été produits sur le territoire français. Cette production n’empiète pas sur l’agriculture vivrière et ne représente qu’environ 1 % de la surface agricole française. En 2016, 100 000 m3 de bioéthanol E85 ont été consommés.

Reconnaissance officielle

Cette certification réglementaire, couplée à la hausse des prix des carburants en général, et du diesel en particulier, ouvre en grand les portes du marché du superéthanol à la société montpelliéraine. “Avant que le processus d'homologation soit possible, n'importe qui pouvait vendre n'importe quoi avec tous les risques que cela comporte pour la mécanique. Pour le public, il était impossible de savoir si un dispositif allait marcher ou pas. ça contraignait le marché”, affirme Alexis, qui travaille depuis des années pour que les autorités prennent le problème de l'homologation en considération. Biomotors a d'ailleurs participé à la rédaction d'un cahier des charges nécessaire à la mise en place d'une réglementation.

“À l'époque de la création de la marque, en 2011, nous n'avions pas de reconnaissance officielle. Pour aller voir les autorités, les organismes de certification et commencer à travailler avec eux, il a fallu montrer patte blanche, montrer que nous maîtrisions notre affaire.” Et le temps, Alexis compte bien ne pas en perdre. Il est déjà focalisé sur la mise en place d'un réseau d'un millier installateurs agréés d'ici à la fin 2018. “Nous privilégions la sûreté des consommateurs. Pour qu'elle soit totale, il faut que nos produits soient installés par des professionnels. Et ça ne peut se faire, là encore, que dans le cadre d'un produit homologué.” Comme cela est le cas, l'entrepreneur s'attend à une forte progression du marché, tant du côté des particuliers que des professionnels.

Avantages fiscaux

Selon lui, et chiffres à l'appui recueillis auprès d'une compagnie de taxis équipée de boîtiers Biomotors depuis des années, l'éthanol permet de rouler vraiment moins cher et plus propre : “Il n'y a pas photo au niveau du prix au kilomètre. Si je prends une voiture moyenne diesel, on va dépenser en carburant 8,06 € aux 100 kilomètres. Avec une voiture à l'éthanol E85, on tombe à 4,20 €. Avec une voiture hybride à l'éthanol, on peut descendre à 3,50 €. On amortit les 700 € du boîtier en une année environ.” Toujours dans le domaine des économies, le fait de rouler à l'E85, avec du matériel homologué, offre des avantages fiscaux dont une exonération totale ou partielle du coût de la carte grise, ainsi qu'un abattement de 40 % sur le montant de l'écotaxe. Autre avantage, réservé aux professionnels du transport, la TVA sur le carburant devient récupérable à 80 %.

Fort de ces arguments sonnants et trébuchants, Biomotors s'est fixée comme objectif d'équiper 40 000 véhicules d'ici fin 2018. Une croissance qui devrait porter le chiffre d'affaires de la société, de 300 000 € l'année dernière, à 657 000 €, fin 2018. A la clé également l'embauche d'une “dizaine de personnes”. Reste à espérer que le prix du E85 ne suive pas, à terme, l'envolée de celui des autres carburants.

(*) Union technique de l'automobile, du motocycle et du cycle

En chiffres

2007

Les carburants à base d’éthanol sont utilisés depuis plus de trente ans au Brésil, aux États-Unis et en Suède. Ce n’est qu’à partir de 2007 que ce biocarburant est commercialisé en France.

60 %

Le bioéthanol est considéré comme un carburant peu polluant par rapport aux carburants fossiles avec 60% en moins d’émissions de gaz à effets de serre. Il restitue deux fois plus d’énergie qu’il n’en faut pour le produire. Par comparaison, pour acheminer le pétrole du “puits à la roue”, il faut utiliser 4 litres de carburant pour en retrouver un dans le réservoir d’une voiture.

31 747

En France, au 1er décembre 2017, un peu plus de 30 000 véhicules en circulation sont considérés “Flex-fuel”. C’est-à-dire capables de tourner au E85 ainsi qu’aux autres types de carburants, sauf diesel.

Source MIDI-LIBRE - Vincent Lacour

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