FLOTTES AUTOMOBILES : BIOÉTHANOL : L’E10 ET L’E85 GAGNENT DU TERRAIN

3 avril 2019

SELON LA COLLECTIVE DU BIOÉTHANOL, L’E10 ET L’E85 ONT ATTEINT RESPECTIVEMENT 42,9 % ET 1,7 % DE PART DE MARCHÉ DES ESSENCES EN 2018

 

À l’occasion d’une conférence de presse, la Collective du bioéthanol a fait le point sur le développement des carburants E10 et E85, ces essences qui incorporent respectivement jusqu’à 10 % et 85 % de biocarburants, à savoir de l’éthanol, son dérivé l’ETBE ou des bioessences de synthèse. À noter que seul l’éthanol, produit principalement à partir de betteraves à sucre et de céréales, est entièrement d’origine renouvelable.

E10 : 42,9 % de la part de marché des essences

Bilan : dans un contexte de bascule entre le diesel et l’essence, « la croissance de l’E10 s’est accélérée avec + 4,1 points de part de marché entre décembre 2017 et décembre 2018 », a indiqué Nicolas Kurtsoglou, responsable carburant du Syndicat National des Producteurs d’Alcool Agricole (SNPAA). L’E10 a ainsi atteint 42,9 % de la part de marché des essences en 2018, contre 32,8 % pour le SP95 et 22,6 % pour le SP98 (désormais regroupés sous le nom d’E5).

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Stations-service distribuant de l’E10 en France © Collective du bioéthanol

E85 : hausse des installation de boîtiers de conversion

En parallèle, la consommation d’E85 a progressé de 55 % entre 2017 et 2018, passant de 117 902 m3 à 182 586 m3. Ce carburant a représenté 1,7 % du marché des essences en 2018, contre 1,2 % en 2017. Son développement a notamment été soutenu par l’encadrement de l’homologation et de l’installation des boîtiers de conversion en décembre 2017.

 
FlexFuel a ainsi multiplié par 8 ses ventes de boîtiers entre 2017 et 2018, atteignant plus de 5 000 unités installées en 2018. « Aujourd’hui, nous installons environ 1 000 boîtiers par mois », a précisé Sébastien Le Polles, président de FlexFuel. Même constat chez son concurrent Biomotors qui a vendu 15 000 boitiers en 2018 et atteint le rythme de 1 500 boîtiers par mois. Enfin, 133 stations-service supplémentaires ont été ouvertes l’année dernière, portant leur nombre à 1 106 sur le territoire, soit 12 % du réseau français, avec des variations régionales. Certaines régions proposent d’ailleurs des aides à la conversion.
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Stations-service distribuant de l’E85 en France © Collective du bioéthanol

E85 : UN ATOUT POUR LES ENTREPRISES ?

Si la conversion à l’E85 concerne aujourd’hui surtout les particuliers, elle séduit aussi certaines entreprises. « Nous avons décidé de passer à l’E85 en 2012 suite à des problèmes de fiabilité des véhicules diesel, en particulier des systèmes de dépollution qui occasionnaient des pannes à répétition, a ainsi témoigné Jean-Michel Barzan, gérant de la société de transport de personnes Transports Raoux (80 véhicules). Nous avons pris le parti d’équiper tous nos véhicules en renouvellement de boîtiers de conversion à l’E85. »

Aujourd’hui, l’entreprise dispose d’un parc d’une quarantaine de véhicules légers équipés et consomme environ 150 000 l d’E85 par an, soit l’équivalent de 2,5 millions de kilomètres. « Aujourd’hui, nous n’avons pas encore renouvelé les premiers véhicules acquis en 2012, sachant que le plus âgé a parcouru plus de 350 000 km, et il n’est pas prévu que nous le fassions cette année, a poursuivi Jean-Michel Barzan. Par rapport à des véhicules diesel, nous économisons environ 600 euros par an et par véhicule entre le carburant et l’entretien. Nos véhicules consomment en effet entre 4,5 et 5 l / 100 km. Nous bénéficions en outre de la déductibilité de la TVA à 100 % comme pour les diesel. »

De bonnes perspectives pour 2019

Et d’autres entreprises pourraient suivre cet exemple dans les prochaines années : selon Sébastien Le Polles, FlexFuel a été sollicité par plusieurs flottes pour étudier une possible conversion à l’E85.

La collective du bioéthanol estime que la progression de l’E10 et de l’E85 devrait se poursuivre en 2019, soutenue d’un part par le gel de la TICPE et d’autre part par la taxe incitative à l’incorporation de biocarburants (TIRIB, ex-TGAP). En effet, les distributeurs devront incorporer 7,9 % de biocarburants en part d’énergie dans l’essence en 2019 et 8,2 % en 2020, contre 7,5 % en 2018.

La collective du bioéthanol mise ainsi sur une croissance de 40 à 50 % des volumes d’E85 entre 2018 et 2019, et sur un dépassement de 50 % de part de marché des essences pour l’E10. Elle compte enfin sur une prise en compte du bioéthanol dans la loi d’orientation des mobilités, bientôt examinée par le Sénat, et dans le projet de loi de finances pour 2020.

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