CARBURANT : LE BIOÉTHANOL S’IMPOSE À LA POMPE

27 novembre 2017

DOPÉ PAR UNE FISCALITÉ FAVORABLE, LE SP95-E10 EST LA PREMIÈRE ESSENCE VENDUE EN FRANCE.

Une petite révolution vient de se produire dans les stations-service françaises où le SP95-E10 est devenu la première essence consommée. En septembre, ce carburant né en 2010 et contenant jusqu’à 10 % d’éthanol végétal a représenté 38,5 % de la consommation d’essence, doublant le sans-plomb classique et enregistrant une progression de 12,3 % sur un an. Distribué dans 11 000 stations, compatible avec 97 % des véhicules roulant à l’essence, moins cher que les autres super SP (1,34 euro par litre en moyenne en octobre), le SP95-E10 est plébiscité.

Dix ans après le plan français en faveur des agrocarburants, les 50 000 cultivateurs de betterave, de blé et de maïs utilisés pour obtenir cette essence voient les débouchés se multiplier. Déjà présent en petite quantité dans toutes les essences, ce carburant s’impose aujourd’hui avec l’E10.

Les ventes d’E85, qui contient jusqu’à 85 % de bioéthanol, augmentent, mais restent confidentielles. Apparu en 2007, l’E85 coûte 40 centimes de moins par litre que le SP95 et nécessite des véhicules soit « FlexFuel », soit équipés de boîtiers spéciaux.

Quant à l’ED95 (jusqu’à 95 % de bioéthanol), il est commercialisé depuis 2016 pour les autocars notamment.

Le pari des Français commence à payer. Ils sont les premiers producteurs européens de bioéthanol avec 12 millions d’hectolitres par an, dont un tiers part à l’export.

La profession insiste sur ses vertus « écologiques ». « Du champ à la roue, le bioéthanol est une énergie renouvelable qui permet de réduire de 60 % en moyenne les émissions de CO2 », estime Nicolas Rialland à la Confédération générale des planteurs de betteraves. Néanmoins, les agrocarburants sont critiqués car ils utilisent de la surface agricole destinée à l’alimentation. « Ils représentent 4 % des surfaces utiles en France, poursuit Nicolas Rialland. La pulpe des betteraves sert à l’alimentation des bovins, comme les drêches des céréales. Quant au maïs destiné à l’éthanol, ce n’est pas celui qui sert pour la farine de maïs.

Les biocarburants ont été accusés à tort d’être responsables de la flambée des matières premières agricoles en 2008. » Il n’empêche que la Commission européenne privilégie le développement des biocarburants de deuxième génération, avec des matières premières non alimentaires.

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SI LE GAZOLE RESTE LE CARBURANT LE PLUS ACHETÉ, SON AURA S’EFFRITE

L’engouement devrait néanmoins se poursuivre en France. Si le gazole reste le carburant le plus acheté, son aura s’effrite.

Après la publication en 2012 d’un rapport de l’Organisation mondiale pour la santé le classant parmi les cancérogènes, après les révélations sur le trucage des tests d’émissions par certains constructeurs, après l’annonce d’objectifs de réduction des émissions de CO2, les ventes de diesel neufs dégringolent. Ces derniers représentaient 70 % des nouvelles immatriculations en 2011, contre 47 % aujourd’hui, selon le CCFA. Ils pourraient même être interdits dès 2024 dans les rues de Paris, si le Plan climat d’Anne Hidalgo est voté le 20 novembre.

Pour l’instant, les moteurs à essence en profitent bien plus que les électriques dont les ventes, en hausse, restent faibles. Un dernier élément pourrait aussi accroître les ventes d’agrocarburants : leur fiscalité avantageuse.

Le gouvernement a décidé d’une nouvelle hausse annuelle de 2,6 centimes par litre de la taxe sur le gazole pendant quatre ans car, a justifié le ministre Bruno Le Maire : « Personne ne peut plus comprendre que la fiscalité du diesel et de l’essence ne soit plus la même.»

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